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LA SCULPTURE DE L’ENTRE-DEUX GUERRES

 Par † Jocelyn REBOUL 
 Expert U.F.E.

 Union Française des Experts 

Jocelyn nous a quittés le 19 Décembre 2011

Bernard ROBERT – Assistant

Alfred JANNIOT – Bordeaux – Parc Lescure –

    Rodin meurt en 1917 en pleine gloire, considéré comme le grand Maître de son temps, son atelier va former et influencer une génération de jeunes sculpteurs, fidèles à son art. Citons Jules Desbois, Camille Claudel, Alexandre Pina. Mais d’autres vont contester l’aspect romantique impressionniste de son œuvre. Dès 1904, un groupe d’élèves et de praticiens se forme autour de Lucien Schnegg, excellent sculpteur et théoricien. Ainsi naît “la bande à Schnegg” où chacun gardera sa sensibilité, car plusieurs tendances se dessinent. On y trouve Antoine Bourdelle qui s’impose comme chef de file d’un courant architectural à la fois archaïque, classique et analytique car toutes ces tendances nouvelles ont en commun le retour au classicisme antique. Bourdelle, dans son atelier de la Grande-Chaumière ne cessera de revendiquer son admiration pour la mythologie et ” l’Age d’or ” de la sculpture: la Grèce Antique. Son enseignement, dont les principes fondamentaux peuvent se résumer par une construction sévère des formes par leur structure interne, soit l’établissement des volumes par une géométrie rigoureuse. Bourdelle, devenu Maître, va former des sculpteurs prestigieux tels que Alberto Giacometti, Germaine Richier,… mais aussi L.Kretz, Muguet, Dubos,… et de nombreux étrangers venus du monde entier. Une autre tendance trouvera ses sources dans l’Hellénisme, l’Art Egyptien, la Renaissance (A.Jeanniot) mais aussi le Japonisme déjà en vogue en 1880. Le retour au ” classicisme moderne “, c’est-à-dire stylisation et éclectisme, permettra aux meilleurs praticiens de Rodin de s’exprimer. Despiau, Drivier, , Dejean, Wlérick, Halou,… jusqu’aux animaliers François Pompon et Jeanne Poupelet. Le premier grand événement qui les impose en tant que sculpteurs modernes Schnegg est la grande ” Exposition des Arts Décoratifs ” de 1925 où les commandes pour les architectes, sculpteurs, peintres… vont affluer.

  En marge des praticiens de Rodin, les premiers jeunes sculpteurs à se référer à la Grèce Antique dès 1902-1903 sont Maillol (qui a connu l’expérience nabis), Joseph Bernard… et le Polonais Elie Nadelman, le plus helléniste de tous.

  La première décennie du siècle voit apparaître la révolution cubiste, le constructivisme avec l’avant-garde russe et le primitivisme qui se mêlera au cubisme : ” les Arts Décoratifs ” sont dominés par les acquis du cubisme, J-J. Martel (Trinité – l’Accordéoniste – Joueur de scie musicale – le Pigeon écossais – etc…), Henri Laurens (femme debout – agenouillée – etc…), A. Archipenko, J.G. Miklos (hommage à Franz Listz – femme à l’oiseau avec incrustation d’émaux – etc…), Manolo, Pablo Manès, Chana Orloff, P.Gargallo, O. Zadkine. Les quarante premières années du siècle connaîtront un tel foisonnement d’idées libératrices que les mouvements modernistes vont se croiser, s’influencer les uns les autres, s’interpénétrer, ce qui permettra aux artistes d’évoluer selon la sensibilité de chacun, ce qui fait que certains oscilleront d’une mouvance à une autre,l’histoire de l’Art du XX ème connaîtra une trajectoire sinusoïdale. De 1900-1906 à 1930, François Pompon (praticien de Rodin) synthétise la sculpture pour que la ligne d’un contour soit la plus pure possible. Aux mêmes dates, à partir de 1906, on retrouve les mêmes préoccupations chez Brancusi, Barbara Hepworth, O.Zadkine, Chana Orloff, Chauvin, Csaky…

François Pompon fera sa production animalière sur cette base réaliste synthétique. Comme chef de file, il entraînera quantité d’animaliers : Artus, Petersen, Pierre Blanc, Hilbert,…avec qui il fonde le “Salon des Artistes Animaliers” et le “Groupe des Douze”.

  Après la première guerre mondiale, la naissance du surréalisme en tant que révolte contre l’ordre social et ses valeurs culturelles va inspirer de nombreux sculpteurs, cette liberté conquise d’abord par les futuristes italiens dès 1909 (Boccioni, G. Balla, G. Severini, Sironi,…), puis par les surréalistes comme Arp, Max Ernst, Duchamp-Villon, Calder, Taüber-Arp, Picasso proposent une vision de la sculpture plus moderniste, c’est-à-dire des formes pures alliées à la dynamique de l’œuvre. La géométrie des volumes, la répétition des spirales dans une œuvre de Boccioni comme ” Forme unique della continuita nello spazio ” 1913, nous montre à quelle problématique ils s’étaient confrontés, celle du développement d’une forme en mouvement dans l’espace. On trouve l’équivalent chez Duchamp-Villon avec le ” cheval ” 1914. Ils vont également introduire la polychromie et le mélange des matériaux (carton, bois peints, acier, bronzes polychromes, verre…). Par exemple, Sophie Taüber-Arp a réalisé des têtes Dada en bois polychrome vers 1920 d’une grande pureté formelle…

  Dans les années 20 à 30, les théoriciens du Bahaus vont comprendre que l’architecture et la sculpture se conditionnent l’un l’autre, qu’une sculpture ne se réduit pas à un élément décoratif autonome (voir l’enseignement de Kurt Schwerdfeger, Oskar Schlemmer…).

Mies van der Rohe. 1929 Barcelone / Photo: Sonia Robert. Juin 2013

  En Suisse, le Werkbund est également un mouvement d’avant-garde très important auquel de nombreux architectes et sculpteurs font se réferer.

Le centre de cette émulation novatrice est Paris, terre d’accueil des artistes du monde entier. Pourtant, la situation des artistes est tellement critique au cours des années 30 que le Front Populaire fait voter la Loi du 1% en 1936 qui oblige toute construction scolaire à consacrer 1% de son budget pour la réalisation d’une œuvre picturale ou sculptée. Les sculpteurs qui en bénéficieront appartiennent à la génération des membres de la “Bande à Schnegg ” et autres partisans de l’équilibre classique. Le second événement moteur fut la construction du Palais de Tokyo, le nouveau Musée d’Art Moderne pour l’Exposition Internationale de 1937. On y retrouve des noms comme des L. Drivier, J-J. Martel, P. Cornet, J. Osouf. Un de ceux qui va bénéficier d’un grand nombre de commandes dans le cadre du 1% est Alfred Janniot qui en obtiendra 22 sur l’ensemble de sa carrière (Lycées et Universités). L’Etat impose une politique d’achat au Salon plus ambitieuse ainsi que des commandes pour les monuments publiques: L. Drivier, P. Poisson, A. Bourdelle, H. Bouchard, Ch. Sarrabezolles, A. Maillol, A. Janniot, ce dernier avait déjàbénéficié en 1931 de la commande d’un bas-relief gigantesque pour la façade du Musée des Colonies.

A la veille de la deuxième guerre mondiale, toutes les données de l’histoire de la sculpture moderne de l’après-guerre jusqu’à nos jours sont réunies.

Jocelyn REBOUL

■  Les Huit chefs-d’œuvre du parvis des « Droits de l’homme », au Trocadéro. ■

 Mon copain “Jojo”, nous a quittés le 19 Décembre 2011.

 † Jocelyn REBOUL – Expert

 Bernard ROBERT – Assistant

”Le grand ennemi de l’art, c’est le bon goût” – Marcel Duchamp

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© Copyright 2018 / Patrick DAHLEM et Bernard ROBERT

Mies van der Rohe-1929-Expo Universelle de Barcelone, sculpture Georg Kolbe / Sonia ROBERT-Juin 2013

Un document: Les Huit statues du parvis des Droits de l’Homme au Trocadéro L’Exposition Universelle de 1937 – Statues du Trocadéro – Parvis des Droits de l’Homme